jeudi 31 juillet 2014

La gloire de mon Pierre.

"Alors, je bondis sur la pointe d'un cap de roches, qui s'avançait au dessus du vallon et, le corps tendu comme un arc, je criais de toutes mes forces : "Il les a tuées ! Toutes les deux ! Il les a tuées !" Et dans mes petits points sanglants d'où pendaient quatre ailes dorées, je haussais vers le ciel la gloire de mon père en face du soleil couchant." Marcel Pagnol, 1957.

Pierre, 30 juillet 2014. C'est à peine exagéré, mais les deux beaux églefins péchés en eaux norvégiennes en vingts minutes ont une raisonance semblable. Bien sûr, on pourra dire que nous sommes au Saltstraumen, un détroit où se forment quatre fois par jour de puissants maelströms (tourbillons marins) dûs à la marée qui s'engouffre dans un passage étroit, et que les poissons prolifèrent dans ces eaux. On pourra dire que c'est le nouvel appât, acheté aujourd'hui. On pourra dire que le vent était favorable, que la bruine tombante était propice. On pourra dire qu'il fallait bien que la chance tourne.



    



On peut dire que c'est le talent.



Et puisqu'on est dans les compliments, n'oubliez pas que si Lison écrit, c'est Pierre qui prend les photos et porte les sacs. Justice est rendue.



"On a le vent dans le dos" !

Jumpy, vaillant, nous a attendu, et nous sommes heureux de le retrouver en meilleure forme. Mauvaise nouvelle pour vous, vous allez encore devoir suivre ce fichu blog, le voyage n'est pas raccourci grâce à l'assurance de Citroën.
A qui les textos réconfortants, le contact avec la banque pour que le paiement soit accepté, les démarches avec l'assurance, la pensée positive : les papas et mamans assurent, une fois de plus ! Merci !

Nous voilà à nouveau sur la route !
Et... 20 kilomètres après le départ, la chance tourne.
Qu'est ce que c'est que ces chèvres avec de drôles de cornes ?? Mais ?? Serait-ce des rennes en liberté dans ce champ au bord de la route ? Mais oui ! Stop, demi-tour, on sort de la voiture, et on les approche tout prêt. Quel pays formidable, comme dirait certaine (!)...


Cerf, élan, carribou, renne : allez voir wikipédia pour plus d'informations ! Non, sinon, de ce qu'on a compris : l'élan est plutôt solitaire, et c'est celui qu'on retrouve sur tous les fameux panneaux de la route, il a les bois plats (seul le mâle en porte) et est plutôt costaud. Le renne, qu'on a vu, vit plutôt en troupeau, a les bois fins, et c'est celui qui conduit le Père Noël. Le caribou, c'est l'élan d'Amérique du Nord, et le cerf, vous le connaissez.

 
 

Lofoten - 26 - 29 juillet

La première chose qui frappe, c'est l'odeur. On nous l'avait dit : on n'en verra pas sur les séchoirs, ce n'est pas la saison, mais elle est quand même là... La morue ! Principale activité des îles, ici, la vie est rythmée par la pêche. Le torrfish, morue séchée en filaments rugueux, est plein de protéines mais n'a pas un aspect franchement appétissant. 


Ensuite, il y a bien sûr le paysage. La montagne semble déchiquetée en son sommet, et elle tombe, abrupte dans des eaux si claires ! Les villages ne sont pas en reste, petites maisons de bois rouge qui se dressent sur pilotis, affrontant la mer et la pluie, qui n'est pas si rare ici...



La plage de Bunnset, sur la côte ouest des îles, a des airs de Caraïbes : on y accède uniquement par un petit ferry (3 fois par jour, 30 personnes), il n'y a pas de routes... Nous prenons le parti d'y rester 24 heures pour nous remettre de nos émotions. Une fois le dernier ferry parti à 16h, nous sommes (à part quelques campeurs inconscients) en tête à tête avec la nature. L'eau a beau être turquoise, elle en n'est pas moins froide, mais nous piquons quand même une tête rapide (pour l'exploit et pour le savon).



Bien sûr, à pieds - en stop - ou même en rare bus, notre rapport à la distance change... Nous restons dans un mouchoir de poche (environ 15 kilomètres et 4 villages). On prend le temps comme dirait certains. Nous sommes cela dit un peu frustrés de n'être restés que sur l'île de Moskenoy (le bout des îles), et que le reste nous ait échappé. Mais ! Que serait un voyage sans imprévus ? Ce sera pour plus tard, de toute façon, il faudra revenir pour aller voir les baleines, quand on sera vieux et riches.

Le sac à dos.

Pour partir 4 jours en autonomie sur les îles Lofoten, alors que ce n'était pas prévu :

- une tente
- deux duvets
- un oreiller gonflable
- un paréo, une serviette en microfibre
- deux maillots de bain
- trois t-shirts de rechange (ok, 2 pour Lison)
- un caleçon, deux culottes
- deux imperméables
- une polaire, deux sweats
- deux pantalons de randonnée
- deux paires de chaussures de randonnée
- une paire de chaussettes chacun
- deux paires de tongs
- deux déodorants
- deux brosses à dents, du dentifrice
- un savon
- un paquet de lingette pour bébé
- un tube de crème solaire 50
- du gel hydroalcoolique, un labello
- une petite trousse de secours
- deux couvertures de survie
- des sacs poubelle, du sopalin, du papier toilette
- un protège sac de la pluie
- deux lampes frontales
- l'appareil photo, un portable, une tablette
- les papiers importants
- le guide du routard de Fabien (et les billets pour le ferry)
- la liseuse de Lison, le livre de Pierre, un stylo 4 couleurs,un petit cahier
- le jeu du YAMS et du Tie Time
- deux paires de lunettes de soleil, un petit parapluie
- deux boîtes de sardines nature, 2 à la tomate, une de maquereaux à la moutarde
- une boîte de paté, une de rillettes de saumon
- deux boîtes de maïs
- quatre petits sachets de TUC, un sachet de gressins
- huit nectarines
- un pain
- un morceau de gruyère, un reste de chou-fleur
- trois compotes
- sept barres de céréales, des fruits secs
- un paquet de muesli
- deux sachets de cookies
- trois litres d'eau
- un couteau suisse, deux petites cuillères, un petit bol
... et 1000 NOK en poche !

On entend déjà ceux qui s'exclament : "c'est trop peu !", les autres qui crient : "c'est beaucoup trop !". On tranchera en disant que tout nous a servi (sauf les lampes frontales, forcément, dans un pays où il ne fait jamais nuit... Réflexe bête, on vous l'accorde) ; mais que les sacs étaient, comme toujours, bien trop lourd !


mercredi 30 juillet 2014

Artic Circle : on met le turbo ! - hic - 25 juillet

66'33N, c'est une ligne imaginaire, et pourtant... ça nous a fait quelque chose. Sur ce haut plateau battu par les vents, un globe en guise d'exploit, des cairns dressés pour marquer son passage, le cercle polaire arctique est une fin, ou plutôt départ : le Nord est à nous ! 



5002 kilomètres au compteur, et, trop d'émotion certainement, Jumpy en perd la boussole...  ça lui met un coup au coeur, et ça lui fend le turbo. Quoi ? Comment ? Pourquoi ? 
Mais, comme dirait maman, la mécanique (du coeur) se répare toujours. Pause à Bodo, charmante ville industrielle de transit (un port, un aéroport, une gare), où nous nous séparons de Jumpy, laissé au bon gardiennage du Citroën local, qui attend patiemment son opération 4 jours plus tard. (Et oui, un turbo ne se trouve pas à tous les coins de rues, messieurs-dames)

Andalsnes, Trondheim, Bolareinen - 22 - 24 juillet

Nous continuons, avec le soleil qui plus est, à découvrir des paysages plus somptueux les uns que les autres. A Andalsnes, sur le chemin des crêtes, le panorama à 360° donne un peu le vertige... Cette randonnée, c'est du costaud, par moment, c'est de l'escalade (presque) pure et dure ! On tire un peu la langue, mais à la fin, ça vaut le coup !

A Trondheim, le petit centre piéton et le vieux quartier composé d'entrepôts sur pilotis et bordant la rivière de Bakklandet nous charme au soleil couchant. On se paye notre premier resto du voyage, une pizza (du luxe...), au saumon, excellente, et nous n'en payerons que la moitié (erreur ou gentil serveur? On ne le saura jamais!).


Les 23 et 24 juillet font la part belle aux kilomètres, le pays s'allonge, s'allonge et tant de choses à voir ! Nous avançons jusqu'au site de Bolareinen (le reine de Bola, la rivière) où des gravures rupestres nous contemplent du haut de leur 6000 ans ! Le reine est en excellent état de conservation, par contre, on ne voit plus que l'esquisse du dos et d'une oreille à un ours, et on devine à peine un skieur ! Oui, ce n'est pas une blague, on trouve ici une des plus belles gravures de skieur de cet âge (-4000 ans avant JC, donc) : on distingue les skis et un bâton à la main. Nous sommes assez étonnés par la simplicité - flegme ? des norvégiens. En effet, sur le site, on se balade librement, aucune barrière, on a failli marcher sur le skieur, et pour l'entrée, il faut glisser les sous dans une boîte (on retrouve ce mode de paiement libre-service un peu partout : pour les fruits au bord de la route, dans les campings... On adhère à cet esprit de confiance !).


lundi 21 juillet 2014

Promis, on mange bien.


Dans la vraie vie, en rando, on cueille quelques framboises, myrtilles pour manger sur l’instant. Quand on a le temps, et qu’on peut le modifier à sa guise, on s’arrête et on se prend au jeu d’un repas bien amélioré par une récolte gourmande ! Et, ça, c’est bon.


 Bon aussi, le saumon mariné dégusté sur le port de Bergen !


Et bon aussi, les sardines, pâtes-riz-couscous-ebly et autres conserves (ne croyez pas que ce soit la fête tous les jours non plus!).

Patrimoine du monde, on vous dit !



Petit retour à la civilisation en suivant les sites classés au patrimoine mondial de l’Unesco : à Bergen, capitale de la Norvège des Fjords, avec son vieux centre Bryggen de maisons en bois ; l’église en bois debout du XIIème siècle d’Urnes ; et le fjord Geiranger, reflet du paysage typique de la région. 

Urnes


Geirangerfjord



Et aussi Briksdalbreen, un bras du glacier Jostedalsbreen, le plus grand d’Europe continentale (487 km² aux dernières nouvelles), où la balade est impressionnante. Plus on avance, plus on dépasse les panneaux nous indiquant où il se situait les années précédentes : on peut vous dire qu’il a pris un sacré coup de chaud depuis les années 2000 ! 





De beaux endroits, même si l’on peut regretter le monde drainé a fortiori par leur rayonnement…

On the road, again. - 18 au 21 juillet



Nous poursuivons la route, le seuil du premier mois déjà dépassé. Le soleil se dévoile, et même s’impose, laissant le bleu du ciel côtoyer les sommets : les paysages, lumineux, prennent une autre dimension. Nous avançons vers le Nord, la route perce les montagnes, enjambe les rivières, cède sa place au ferry. Puis elle grimpe, grimpe, la neige est à portée de roues. L’eau, si claire, là encore, est partout. Au plus haut passage d’Europe du Nord (1476 mètres), la région se fait plus dure, les rochers prennent la place des arbres, donnant à l’environnement des airs du bout du monde. On en prend plein la vue !








Sur ces hauteurs, le vent baisse un peu la température la nuit, (14° dans le Jumpy). La nuit, parlons-en, joue à cache-cache : nous ne l’avons pas encore trouvée ! Les journées déjà ici s’étirent, et on peut vous dire qu’à minuit, elle n’est toujours pas là, et qu’à 4h30, déjà repartie ! Le soleil de minuit, le vrai, ce sera pour un peu plus loin.

vendredi 18 juillet 2014

Norway way of life - 16 - 17 juillet

Rando jusqu'au pied du glacier de Buar, plus exactement un bras du glacier Folgefonna, troisième plus grand glacier de Norvège. Là encore, la montée est sublime, plus on avance et plus la hauteur nous offre un point de vue formidable sur la vallée en contrebas, le fjord, les nombreuses cascades, et le glacier aux reflets bleutés... Nous sommes un peu déçus de ne pouvoir le toucher, mais cela ne s'improvise évidemment pas (équipements, guide...) et déjà, à relative bonne distance, il refroidit bien l'atmosphère !

 






"S'il vous plait, est-ce que vous pouvez arrêtez le robinet?!" De l'eau, de l'eau ! Il en tombe du ciel, elle coule du haut des sommets, elle remonte du sol, elle s'étend en neige et en glace. Réveil 4h30 pour Trolltunga, ici la langue du Troll, nous on aurait plutôt dit le rocher du Roi Lion, mais chacun ses légendes. 22kms (aller-retour) 900m de dénivelé, retour difficile sous la pluie et les nombreux ruisseaux qui prennent le chemin pour leurs lits ! 
Mais, en haut, c'est somptueux...










Mais, surtout, ne vous inquiétez pas pour nous, même trempés jusqu'aux os, de la boue jusqu'au cou, les jambes en compote, Pierre continue à faire des blagues pas drôles pour nous remotiver, et on est heureux !

Preikestolen ou le meilleur petit déj' de notre vie ! - 15 juillet

Première rando, et pas des moindres. L'objectif du jour : le Preikestolen (la "chaire" en français, car comme celles des églises, il domine), une falaise qui tombe à pic dans les eaux du Lysefjord 604 mètres plus bas (deux fois la tour Eiffel, pour les parisiens). 
On voit la photo partout dans les prospectus, sur les cartes postales, nous ne sommes donc pas seuls à vouloir s'y attaquer... Et quand, la veille, nous voyons la taille du parking à la hauteur du nombre de touristes venant ici chaque année, nous décidons de nous lever aux aurores pour essayer d'en profiter seul. 
Le matin, un peu refroidis à 6h par la pluie, nous décidons quand même d'y aller et... on laisse les photos vous en dire plus (bien que nous en soyons un peu déçus, elle ne rendent pas bien la perspective, la couleur, la beauté de l'instant autant que nous aurions voulu vous faire partager) :

Le petit bonhomme blanc, c'est Lison !



A 8h, nous sommes seuls sur la falaise, et dégustons un petit déj' de roi : muesli et compote ! La pluie a cessé, le brouillard ajoute à la magie de l'instant, et  le soleil perce en rayons de lumière les nuages, illuminant par taches plus claires les eaux du fjord. Spectaculaire !