C'est pour Pierre la grande surprise du voyage, Lison s'y attendait un peu, et après 10 mois à travailler en roumain, elle avait hâte d'aller voir ça de plus près. Le résultat est lumineux, et cette semaine passée ici est sans doute l'une de nos préférées en terme de diversité et d'authenticité. Avancée hors des sentiers battus.
Dans le Maramures, à la frontière avec l'Ukraine, on découvre une vie rurale qui semble ne pas avoir changé depuis bien longtemps. Le paysage vallonné, les champs couverts de meules de foin, les troupeaux et leurs bergers, les charrettes comme véhicules, les chevaux comme tracteurs : dépaysement assuré.
Dans les petits villages, les vieux et les vieilles aux fichus et robes longues s'alignent sur des bancs devant les maisons drapées de vignes. On nous fait de grands signes pour nous demander d'être amené au village suivant, et on est remerciés comme le bon Dieu quand on s'arrête. On vend au bord de la route sa récolte : pastèques, courges, pommes, baies, échalotes et oignons.
Les apiculteurs épinglent leurs ruches dans un camion ou sur une remorque, et quand on s'approche, on y reste un moment le temps de tout goûter (des cuillères bombées !), de nous expliquer les vertus de chaque variété, parler du temps, de la famille. Le tout en roumain bien sûr (on a eu un peu de mal à expliquer notre voyage, Lison aurait eu plus de facilités à parler contraception ou tuberculose...)
Dans ce coin là, on trouve aussi de belles églises en bois aux peintures anciennes, dont plusieurs sont classées au Patrimoine Mondial de l'UNESCO (on va toquer à la maison suivante pour demander de nous ouvrir).
Nous découvrons, seuls, le site archéologique du camp romain de Porolissum : l'amphithéâtre est particulièrement impressionnant dans le brouillard mystérieux.
Au centre du pays, en Transylvanie, on trouve à Sighisoara une belle citadelle construite au XIIIème siècle : rues pavées et maisons biscornues donnent des couleurs aux vieilles pierres.
Brasov, le centre attractif de la région proche du massif des Carpates, nous offre une soirée animée au rythme des musiques et danses traditionnelles, en dégustant sur de grandes tables en bois mititei et sarmale (petites saucisses et chou farci, servis avec du pain blanc, de la moutarde et de la bière). On dort au chevet de la forteresse, vue sur la ville imprenable...
Non loin, à Rasnov, une autre citadelle dévoile un panorama époustouflant du haut des 150 mètres de son éperon rocheux. A Bran, le château de Dracula est à vendre : 78 milliard de dollars, si quelqu'un est tenté...
Dans la vallée de Prahova, à Sinaia, la montagne nous gagne ! On prend le télécabine et on descend tout schuss sur nos pieds. (Vous remarquez l'investissement bonnets, les réveils commencent à être frisquet, les oreilles couvertes, c'est mieux - foi de bûcheron).
La région de Dobroudja est la porte de la mer Noire et du delta du Danube : 5800 km² mêlant îles sablonneuses, digues, forêts et marécages. On embarque avec Marius, les cheveux dans le vent, sur un petit bateau au gros moteur et nous glissons au milieu des peupliers, aulnes, saules. Nous sommes pourtant à la fin de la saison, mais surprenons au détour d'une liane ou d'un roseau des tas d'oiseaux. Magique !