On démarre les réjouissances avec Split et son "carré magique". Grâce à son étonnante histoire, la vieille ville fait office de véritable machine à remonter le temps. Au départ, un palais. Celui de Dioclétien, un des derniers empereurs romains qui fit construire vers l'an 300 sa luxueuse résidence sur la côte dalmate afin d'y couler une retraite paisible (précurseur puisqu'il avait abdiqué à l'âge de 60 ans, chose rare pour l'époque).
38 500 m² conçus à la fois comme une villa romaine propice à la détente et aux fastueuses réceptions, et comme un castrum puisque des troupes de soldats y étaient logés. C'est vers l'an 700 que Split acquiert sa spécificité puisque les habitants d'une ville voisine se réfugient à l'intérieur du palais, les épais murs les protégeant des Barbares. Ils construisent alors leurs maisons avec les matériaux trouvés sur place, ne détruisant que très peu mais réutilisant les pierres des monuments, les colonnes des vestiges romains, transformant au fur et à mesure le palais en bourgade médiévale. Encore plus étonnant, ils se servirent du sous-sol comme poubelle géante : un trou dans le plancher des maisons servait de vide-ordures. Celles-ci, jamais vidées, s'accumulèrent en dessous et permirent la conservation exceptionnelle de l'architecture originelle du palais (le sous-sol étant conçu sur le même modèle que les étages supérieurs).
Bref, vous l'aurez compris, on se balade aujourd'hui dans un vieux Split fait de joyeux mélanges : ici, un sphinx de 3500 ans, là des arches grecques, des colonnes corinthiennes, un mausolée devenu cathédrale, le tout au détour de rues moyenâgeuses. On apprécie ce melting pot !
On longe toujours la mer Adriatique, qui nous surprend toujours par la limpidité de son eau, et nous offre toujours des paysages idylliques : petites plages turquoises et criques vertes, ports de plaisance intimistes en cette saison, front de mer aux allures d'aquarium (ou comment contempler étoiles de mer et oursins sans masque ni tuba).
A l'image de Split et parfois même un peu plus (l'afflux de touristes en moins), les villes de Trogir, Šibenik, Zadar nous ont ravis ! Charmantes balades derrière hauts remparts, portes fortifiées, grilles travaillées, fenêtres fleuries, linge suspendu, petites cours secrètes.
La nature non plus ne nous laisse pas en reste ! Au parc national de Paklenica, nous grimpons plus haut que le canyon de la Velika et notre effort (parfois limite escalade...) est récompensé par la vue là haut.
La roche, sculptée par l'eau qui coula ici, prend des formes magiques, et se fait parfois menaçante en aiguilles acérées et autres dos de dragon (Lison et son imagination débordante).
Le clou du spectacle, c'est sans nul doute les lacs de Plitvice qui nous l'offrent. Les superlatifs sont ici tous dépassés pour exprimer notre émerveillement devant cette nature si riche. Les Plitvicka Jezera sont une succession de 16 lacs, reliés par de fastueuses cascades et chutes spectaculaires, baignés dans des eaux bleues, vertes, turquoises.
On flotte littéralement au milieu de cet écosystème tout droit sorti d'un conte de fée, entre ruisseaux impétueux et force tranquille des grandes étendues d'eau.
On a parfois même l'impression d'être immergés dans le générique de Thalassa, tellement les bancs de poissons se laissent admirer. (Frustration tout de même : pêche et baignade sont proscrites - tant mieux pour eux ! )
Zagreb n'a pas la réputation de ses grandes voisines européennes (Prague, Vienne, Budapest...), et pourtant ! Nous sommes charmés par Gradec, la ville haute et son église Saint Marc au toit lumineux de tuiles vernies, ses escaliers et beaux jardins cachés derrière les grilles ouvragées. La majestueuse cathédrale domine la ville basse. La rue Tkalciceva a des allures de véritable rue de village, mais pourtant, on sent bien que derrière les cafés branchés et terrasses stylées se cache l'ambiance d'une capitale !
On prend la direction de Vienne, où nous retrouverons Laurie, la sœur de Lison, qui nous accompagnera jusqu'à Prague pour dix jours de vacances !
Sur la route, nous faisons une pause à Krapina sur les conseils du bon vieux Routard qui ne tarit pas d'éloges sur le musée de l'homme de Neandertal (des fouilles ont retrouvé sa trace ici). Et, en effet, le pari de résumer en un musée l'histoire de l'univers, de la Terre, de la vie sur terre, de l'homme et de l'évolution scientifique est plus que réussi ! Encore une excellente raison de venir en Croatie...