Il parait que la Lituanie est, des pays baltes, celle qui ferme la marche : moins développée, moins touristique, plus rurale, un peu moins en avance sur l'Europe. Ça, c'est ce qu'on lit, c'est la théorie. Et nous, on a trouvé tout le contraire. Seule des trois à posséder des autoroutes (contrairement aux routes en très mauvais état parcourues jusqu'alors depuis Tallinn - les "fangas" de La Verdière n'ont qu'à bien se tenir), des radars, des infrastructures plus modernes en ville (panneaux numériques dans les transports en commun, par exemple) ; il n'y a qu'ici que nous verrons des éoliennes, des panneaux solaires. La campagne n'est pas désolée, les maisons abandonnées se font rares, les jardins sont entretenus. Nous sommes allés un peu moins à l'Est que nous l'avons été en Estonie, certes, et peut-être que c'est dans ce sens qu'il faut situer la fracture. Toujours est-il, que de nos yeux extérieurs de touristes occidentaux, nous trouvons dans le paysage lituanien moins de stigmates des années soviétiques qu'ailleurs.
L'histoire pourtant, on ne peut l'oublier. A Kaunas, dans le centre du pays, nous visitons le fort n°IX, transformé en prison politique dans les années 30 par l'ancêtre du KGB, puis en camp de transit et de concentration pendant l'occupation nazie, et à nouveau de prison pendant la période soviétique. Les murs sombres portent la souffrance de milliers d'hommes et de femmes enfermés et tués ici.
Dans une cellule, on lit, gravé sur le mur, "NOUS SOMMES 900 FRANÇAIS". Le 15 mai 1944, le convoi 73 déporta de Drancy 900 français juifs à Kaunas. 22 survécurent. L'association des Fils et Filles de Déportés Juifs de France a légué au musée lettres, photos, témoignages des membres de leur famille disparus. Très émouvant.
Plus léger, et plus à l'ouest, sur la péninsule de Neringa, côté baltique, une bande de sable et de pins de 100 km de long pour 2 de large nous offre une belle balade. Au bout de cette presqu'île, c'est la Russie avec l'enclave de Kaliningrad. Ici, les plages sont quadrillées : certaines réservées aux femmes uniquement, d'autres aux hommes, ou encore aux familles, ou aux nudistes. Nous visitons l'attraction locale, l'aquarium, musée le plus visité de Lituanie. Et, on a failli laisser Pierre au bassin des otaries tellement il était fasciné par ces drôles de bêtes qui ont l'air de se payer de notre tête.
A l'image du pays, Vilnius, la capitale, décroche notre coup de coeur. Agréables rues piétonnes aux vitrines ambrées (or balte), allées vertes et terrasses amicales, églises colorées, blanches ou dorées, pauses gourmandes pour une bouchée de pain (on vous en parle après) : c'est une ville où on vit aujourd'hui. On est samedi et, sous les 40 clochers que compte la ville, autant de mariages donne le tournis ! On a l'air de faire les choses en grand : rubans satinés, escarpins-échassiers, boucles travaillées, berlines et limousines lustrées...
Et pour ajouter un pays à notre liste, nous franchissons la frontière de la république utopique d'Uzupis. Quartier d'artistes jumelé à Montmartre, il y a ici un vrai président, un timbre, une constitution. " L'homme a le droit d'aimer ; l'homme a le droit à l'eau chaude ; l'homme est responsable de sa liberté " On signe !
A Druskininkai, à
deux pas de la frontière polonaise et biélorusse, nous découvrons un
beau complexe : une piste de ski artificielle ! Ici, il y a de la neige toute l'année. Lison n'a plus skié
depuis 6 ans, Pierre en a fait deux fois dans sa vie : et alors ?! Deux
heures de plaisir givré pour le dernier jour d'août. On se régale !